Ewald Luenenschloss est mort à Billy le 25 août 1944. « Traces de balles au-dessus de l’oreille droite », dit le rapport de gendarmerie du 26 août. Dans une tranchée proche du château de la Croix de l’Orme, que les Allemands venaient de faire sauter, les gendarmes ont découvert six « cadavres entassés les uns sur les autres, simplement recouverts de branchages ». Quatre militaires de la garde du chef de l’État, un sergent-chef aviateur et un civil, Ewald Luenenschloss ; six victimes du même crime de guerre.

Après guerre (sans doute dès 1945), les Résistants actifs de l’Allier ont érigé un monument qui rend hommage aux victimes du 25 août. Le nom d’Ewald Luenenschloss n’y est pas gravé.

Aujourd’hui, alors que l’on fête les cinquante ans du traité franco-allemand de l’Élysée, l’association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance (Anacr) de la région de Vichy voudrait que l’on répare cette injustice. « Il me paraît tout à fait anormal, explique Lucien Guyot, secrétaire de l’Anacr, que la mémoire de cet antinazi de toujours, qui n’a jamais hésité à mettre sa vie en danger pour une noble cause, soit ignorée (lire ci-dessous). »

La stèle est gérée par l’association du Souvenir français. Son président départemental, Jean-Daniel Destemberg, est opposé à rajouter le nom sur la stèle, par fidélité à ceux qui l’ont érigée : « Nous sommes les héritiers d’un monument installé par d’autres, on ne peut pas aujourd’hui rajouter un nom. C’est très clair, nous respectons la volonté de ceux qui nous ont cédé cette stèle. Si la mairie ou une association veut ériger un autre monument à proximité, nous n’y sommes pas opposés. »

Pour l’Anacr, dans l’idéal, le nom d’Ewald Luenenschloss doit être gravé sur la stèle. Au pire, sa mémoire doit être évoquée lors des cérémonies. « C’est le moment ou jamais, après on ne sera plus là », insiste Alexandre Kaczerginski, ancien FFI.

« On ne veut pas en faire un héros, mais il est regrettable de l’oublier », conclut Lucien Guyot.

Philippe Cros